Une SAGA en deux tomes
N° : 1778
1990
ISBN : 2-265-04399-0
Non
seulement l'observateur terrien était une femme, non seulement elle
était moche, mais elle avait en plus des allures de juge examinant
un inculpé! Et elle avait pratiquement droit de vie et de mort sur
tous les habitants qu'elle verrait. Suivant le rapport qu'elle
rendrait, la décision d'anéantir cette planète pourrait être
prise...
Le
visage fermé, les lèvres, qu'elle avait minces comme deux lames de
couteau, tellement serrées qu'elles paraissaient avoir disparu, elle
se bornait à dévisager Pédric depuis l'autre côté du petit salon
de l'aéroport, raide, distante. Elle voulait probablement l'obliger
à venir à elle, lui imposer dès la première seconde une déférence
qu'il n'avait aucune envie de montrer. Elle refaisait le coup du Lead
devant le Premier Délégué. Il se dit que ça commençait mal!
Et
il allait falloir vivre pendant des semaines, peut-être plus
longtemps encore, à côté de cette Terrienne. Puisqu'elle venait
habiter sa maison uniquement pour observer la société que les fils
de déportés avaient installée.
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N° 1772
1990
ISBN : 2-265-04383-4
...
question de temps. Ecoute, Berkel, ne me dis pas que tu ne t'es
jamais posé de questions à propos de ces déportations...
Ross
avait souligné la fin de la phrase d'un mouvement de sa main
osseuse. Grand, maigre, il avait un squelette si fort que la peau
paraissait plaquée directement sur les os. Les cheveux drus,
poivre et sel, étaient ceux d'un homme dans la force de l'âge,
comme on dit bêtement.
C'était
d'ailleurs le seul point commun avec Berkel, tout en rondeurs.
Autant le visage de Ross semblait sérieux, presque austère, ce
qui était faux, autant Berkel avait tout de l'éternel
optimiste. Ça, en revanche, c'était vrai. Tu sais, je n'aime pas
trop ce sujet de conversation, remarqua Berkel avec à peine
l'ombre d'un sourire.
Oh,
bien sûr, personne n'aime aborder ça, et puis c'est plutôt à
éviter, hein? Le regard de son ami se durcit. Tu ne vas pas me
faire ce coup-là ! Ce n'est pas pour parler de ces choses que tu
m'as fait venir dans ce sale parc?
Ross
ne répondit pas, et Berkel s'arrêta devant un pin adulte qui
mesurait à peine trois mètres, le regardant sans le voir
vraiment, réfléchissant. Il semblait mécontent, agacé.
Berkel,
il y a combien de temps qu'on se connaît? reprit Ross de sa voix
calme et grave. Trente, trente-cinq ans plutôt, non? Tu sais que
je déteste ce genre de chiffres. Ne fais pas l'andouille et
écoute-moi. Berkel poussa un long soupir et Ross sut que, cette
fois, il n'y aurait plus d'atermoiements. Berkel était trop malin
pour ne pas avoir compris où il voulait l'amener. Par ce soupir,
il marquait son accord. Alors il plongea, les yeux baissés vers
l'herbe d'un vert pâle, si courte qu'on l'écrasait en y
imprimant chaque pas. A ton avis, il y a eu combien de
déportations ces dernières années?
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